Je n'ai pas pu vous en parler hier car j'étais trop malheureuse et je n'ai pas arrêté de pleurer toute la journée et toute la nuit...
Vendredi soir, VERONE a recommencé une "crise de rage" comme il en faisait quasiment chaque soir, vers les 22h00. Je m'y étais "habituée" et je le calmais en lui parlant, pour qu'il n'arrache pas trop ses protections de cage, qu'il ne se jete pas dans les barreaux et ne se fasse pas de mal. Il n'y avait rien d'autre à faire qu'attendre que la crise passe mais ça ne durait jamais bien longtemps : 5-10 minutes...
Je lui avais donné son médicament à 19h00 précise, comme chaque jour. Mais là, la crise ne s'arrêtait pas !
Je ne pouvais pas le prendre contre moi, ni dans les bras, il m'aurait mordue en se débattant. Il ne supportait pas qu'on le touche, déjà, en temps normal sans crise alors en moment de crise, c'était pire !!
J'ai alors tenté ce qui fonctionnait quand lui arrivait une grosse et longue crise : l'enfermer dans un endroit très restreint (un kennel), dans le noir complet (avec une couette au-dessus du kennel) et au calme : dans une pièce sans les autres chiens. En général, ça le calmait et il s'endormait au bout d'une demi-heure... Mais là, rien à faire, c'était même de pire en pire !!
Je l'ai donc sorti du kennel et me suis installée avec lui dans l'infirmerie... Je me suis assise au sol et je lui parlais, je lui parlais. Quand il passait près de moi (car il courait dans tous les sens en se cognant dans les murs et en hurlant), je glissais ma main sur son dos, ses flancs, j'ai tout essayé pour le calmer, je l'ai même pris de force dans les bras mais la crise montait en puissance et je ne savais plus que faire...
Finalement, j'ai réussi à lui faire avaler du Calmivet en comprimés. Ca l'a calmé une petite heure mais dès l'effet du cachet terminé, la crise reprenait de plus belle !!
J'ai fait ainsi toute la nuit, regardant passer les heures en attendant le matin avec impatience pour pouvoir aller chez mon vétérinaire... Finalement, vers 07h00 du matin, nous étions autant épuisés lui que moi mais il n'a pas arrêté de courir dans tous les sens et de se cogner en hurlant toute la nuit.
Je savais bien qu'un jour, arriverait ce moment... Probablement quelque chose qui a cédé dans le cerveau : un caillot de sang qui a comprimé quelque chose ? s'il avait une tumeur, peut-être celle-ci avait grossi et touchait un endroit du cerveau qui lui donnait cette réaction de fou ? Personne ne saura jamais le dire... Et c'est ça le pire : se sentir impuissant, rester là à regarder son chien être en souffrance et ne rien pouvoir faire !!
Dès 08h00, j'ai téléphoné à la clinique car je savais que le samedi matin, tous les rendez-vous étaient en général complets... Mais j'ai expliqué mon cas (une urgence) et mon vétérinaire m'a dit de venir tout de suite ! VERONE était toujours sur-excité et j'ai eu du mal à l'attraper et à le porter dans la voiture, pour le mettre dans une des cages, avec une grosse couette pour le caler et l'empêcher de se faire mal en se jetant de tous les côtés....
Quand je l'ai déposé -ENFIN- cette nuit m'a parue tellement longue, dans la salle de consultation, il a continué ses aboiements-cris-hurlements et courait dans tous les sens, se jetant dans la baie vitrée, faisant tomber les chaises qu'il accrochait au passage, etc. Je me suis assise car j'ai eu l'impression que j'allais faire un malaise : la fatigue, l'épuisement de le voir ainsi, la frustration de ne rien pouvoir faire pour le soulager...
Mon vétérinaire m'a expliqué qu'avec les doses de barbituriques qu'il prenait (on était au maximum depuis plusieurs mois déjà), un bon résultat aurait été une à cinq crises par an !
Et là, VERONE faisait une crise chaque jour !!
Et chaque crise endommageait son cerveau un peu plus...
Il m'a dit qu'il ne pouvait rien faire de plus, si ce n'est l'endormir définitivement pour qu'il ne souffre plus et ça, je savais qu'il allait me le dire. Je le savais en y allant mais j'espérais toujours un miracle, un nouveau médicament, une injection pour le calmer et qu'il continue un bout de sa vie encore un peu, avec nous...
Quand il a eu sa piqûre pour l'anesthésier, j'ai attendu de pouvoir le toucher et je me suis assise par terre, en le prenant sur mes jambes et -ENFIN- j'ai pu le caresser partout, lui parler dans l'oreille, l'embrasser sur la tête. Ce n'était plus qu'un petit corps tout mou mais il était encore en vie et je suis certaine qu'il m'entendait et ressentait mes caresses, mes paroles. Alors, j'ai tout lâché : j'ai pleuré comme une Madeleine, je lui ai dit combien je l'aimais, que j'aurais tellement voulu pouvoir faire plus pour lui, que c'était un peit chien adorable et que ce qui lui arrivait n'était pas juste... Je lui ai dit qu'il allait rejoindre JEF qui l'aimait tant et s'en occupait si bien, que là-haut, il n'aurait plus mal dans sa tête, qu'il faisait chaud et beau tout le temps (lui qui aimait tant le soleil)... Et il est parti dans mes bras...
Je suis revenue je ne sais pas comment, c'est la voiture qui a retrouvé le chemin du Centre tellement j'étais à bout, épuisée, malheureuse, en colère de n'avoir rien pu faire.. Tous les sentiments se mélangeaient dans ma tête et je ne voyais plus rien tellement les larmes coulaient, je n'arrivais pas à me raisonner...
En plus, hier, toute la journée, il a fait beau et doux. La baie vitrée du salon était ouverte et les chiens allaient et venaient, se couchant au soleil et changeant de place et de panier au fil des heures, pour en profiter au maximum. Il aurait été tellement heureux, mon petit bonhomme, de cette journée où il se serait couché au milieu des autres chiens, profitant de la chaleur sur son petit corps....
Et comme d'habitude quand on perd un animal (vous tous et toutes avez connu ça), le soir, par habitude, j'ai préparé sa gamelle de croquettes, j'ai vérifié 10 fois sa cage (vide) dans la journée pour voir où il était (je le surveillais constamment), à 19h00 précises, je suis allée dans la cuisine pour préparer ses comprimés et le soir, j'ai eu le réflexe de fermer sa cage pour qu'il soit en paix pour la nuit...
Mon petit papillon aux grandes oreilles...
Mon petit lutin, mon elfe qui faisait des petits bonds à chaque passage de seuil (il ne calculait pas les distances ni les hauteurs)...
Mon petit enfant-autiste... avec tes grands yeux de biche te donnant l'air étonné de tout, d'être là, d'être en vie, tout simplement...
Tu n'étais que gentillesse et bonté...
Tu n'as jamais eu un seul geste d'agressivité ni envers les autres chiens, ni envers nous (sauf quand tu étais en crise et que tu n'étais plus toi-même)...
Que t'est-il arrivé pour que tu sois ainsi ? T'a-t-on fait du mal ? Tapé sur la tête ? ou bien es-tu simplement né ainsi, avec une malformation qui s'est développée dans ton cerveau ? Nous ne le saurons jamais... Je n'ai pas voulu faire de scanner ou d'IRM car même si y avait vu une tumeur ou autre, on n'aurait pas pu t'opérer...
Tu étais "différent" tout simplement, mais tu semblais heureux ainsi, tu avais pris tes habitudes ici, tu savais très bien par où sortir et par où rentrer, tu étais propre et même les deux serbes ne t'aboyaient pas dessus et te permettaient de se coucher près d'eux ! Quand tu voulais être tranquille, tu courait dans ta cage et allait t'étaler sur ton coussin, à l'abri de tout.
Parfois, quand j'étais à l'ordinateur, tu venais près de moi... Je ne pouvais pas te toucher car si je le tentais, tu t'enfuyais à grands bonds comme une petite gazelle, mais si je ne faisais rien, tu venais te frotter contre ma jambe et tu restais là, près de moi. J'étais heureuse quand tu faisais ça spontanément : pour moi, c'était un signe d'amour et de reconnaissance envers moi, ta façon de me dire que, quelque part au fond de ta tête, tu savais que j'étais ton amie, ta protectrice...
Ces chiens "différents" ou très âgés, ou très malades dont on s'occupe beaucoup, beaucoup plus que de ceux "qui vont bien", auxquels on est toujours attentifs, ils nous prennent le coeur encore plus que les autres et quand ils partent, c'est une véritable déchirure car c'est quand ils ne sont plus là qu'on s'aperçoit du temps et de l'attention qu'on leur consacrait...
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